Voici, par ordre alphabétique, les principaux noms qui ne s’emploient qu’au pluriel :
- aguets, alentours, armoiries, arrhes, annales, archives, bestiaux, condoléances, confins, décombres, dépens, doléances, ébats, entrailles, environs, fonts, frais, fiançailles, funérailles, gens, gravats, honoraires, matines, menstrues, mœurs, obsèques, pierreries, prémices, représailles, rillettes, sévices, ténèbres, thermes, us, vaisselle, victuailles, vivres.
La liste ci-dessous présente quelques mots généralement employés au pluriel mais pouvant aussi être employés au singulier:
- abois, agissements, auspices, babines, balayures, beaux-enfants, beaux-parents, broutilles, coordonnées, débris, décombres, directives, doléances, embûches, emplettes, entrefaites, floralies, grands-parents, hémorroïdes, immondices, ossements, ouailles, oubliettes, petits-enfants, pourparlers, prémices, représailles, semailles.
Il est amusant de remarquer que la plupart de ces mots ont trait :
– au commencement, à la jeunesse, à la vie : « ébats », « fiançailles », « matines », « menstrues », « prémices »…
– à la fin, à la vieillesse, à la mort : « archives », « condoléances », « décombres », « gravats », « entrailles », « funérailles », « obsèques », « ténèbres »…
Plutôt que de les apprendre par cœur, le plus simple reste encore de les placer dans une proposition ou une phrase, pour que le pluriel s’impose de lui-même. Exemples : « les archives municipales », les « us et coutumes », les « thermes romains »…
Mais, me direz-vous, pourquoi ces noms sont-ils toujours au pluriel ?
– Parce qu’ils désignent une pluralité d’êtres ou d’objets. Exemples : bestiaux, pierreries…
– Ils désignent des ensembles vagues dans lesquels il est difficile d’identifier des unités. Exemples : armoiries, environs…
– Pour des raisons historiques. Exemples : aguets, fonts…
Certes, il arrive de rencontrer ces noms au singulier, mais c’est une liberté que se réservent de grands écrivains, comme Proust qui parle d’« une seule condoléance » dans À la recherche du temps perdu.
Accord avec « aucun »
L’autre intérêt de connaître ces noms, c’est de savoir quand accorder le déterminant indéfini « aucun ». D’ordinaire, « aucun » s’accorde en genre, jamais en nombre. Exemples : « aucun individu », « aucune réponse », « aucune erreur ».
Le seul cas dans lequel « aucun » s’accorde en nombre, c’est quand il est suivi d’un nom… toujours au pluriel ! Par exemple, devant « frais » (on dit « des frais » et non « un frais »), « aucun » prend un « s ». Aussi bizarre que cela puisse paraître, on écrira « aucuns frais ». De même : aucunes arrhes, aucuns honoraires, aucuns décombres, aucuns travaux…
Changement de sens
Attention, certains noms qui n’existent qu’au pluriel changent de sens lorsqu’ils sont utilisés au singulier.
Au pluriel, le nom vacances signifie « temps libre ». On écrira : « Cette année, le président n’a pris aucunes vacances. » Sans « s », la vacance désigne l’absence à un poste. D’où : « Il n’y a eu aucune vacance de présidence cette année. »
Dernière colle : doit-on écrire « aucune nouvelle » ou « aucunes nouvelles » ?
Même s’il est fréquent d’employer nouvelle au pluriel (« Donne-moi des nouvelles »), le nom, précédé du déterminant « aucun », reste au singulier : « Je n’ai reçu aucune nouvelle de lui » (qui sous-entend « pas une seule nouvelle »).